Psychoanalysis and Neurosciences

Science and ‘truth’ are different modalities of knowledge. For each of the proposed building blocks of the architecture of the mental apparatus which were my objects of study so far – the signifier, repression, the primary and secondary processes, jouissance and the compulsion to repeat – I propose a scientific reading (“science”) and truth revealing testimonies (“vérité”). This is to show, in the end, that science helps us to understand what we know already.

Epistemology

Signifier

Repression

Primary and Secondary Processes

Jouissance and Repetition Compulsion

 

Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse” de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 59-61.

 

*Alphaville Ariane Bazan Documentaire 2013

HOOFDSTUK 1: Kä faire? Spoken in de stem
HOOFDSTUK 2: De ruimte van het psychisch apparaat
HOOFDSTUK 3: Enjoy! Over genotsmanagement
HOOFDSTUK 4: Van psychoanalyse naar neuropsychoanalyse

 

 

À propos de…Une proposition neuropsychanalytique novatrice pour une psychologie sans téléologie. À propos de… « Les Coulisses du Cerveau. L’inconscient aux commandes » de Jean-Pol Tassin

Ariane Bazan (Professeure des Universités, Directrice d’InterPsy (UR 200919245J)) ab https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2025.01.004Get rights and content Under a Creative Commons  license open access

 

Avec Les coulisses du cerveau, l’inconscient aux commandes (Éditions Dunod, 2021 [1]) nous plongeons dans un livre rafraîchissant de la part d’un neuroscientifique « pur et dur » sur l’Inconscient freudo-lacanien, un ouvrage pas comme les autres parmi ceux qui s’essayent au mariage entre neurosciences et psychanalyse. Jean-Pol Tassin est neurobiologiste et directeur de recherche émérite à l’Inserm. C’est un spécialiste de l’addiction qui a, dans ce contexte, découvert l’implication de la libération de sérotonine et de noradrénaline dans le cortex préfrontal. Il travaille actuellement dans le département Neurosciences de Sorbonne-Université à Paris.

L’auteur a fait une ou plusieurs analyses, et ça se sent. Il ne se débarrasse pas des aspects jugés parfois « encombrants » de la psychanalyse, tel que le signifiant, c’est-à-dire, l’importance de la forme des mots et du langage. En effet, dans les différentes rencontres entre ces disciplines a priori épistémologiquement éloignées, les chercheurs traitent rarement de ce concept du signifiant. Comment l’inconscient pourrait-il être en même temps langage – une fonction supposée cognitive, complexe et consciente – et la source des pulsions primitives et archaïques, pour ne pas dire animales ? Or, Jean-Pol Tassin ouvre ce livre sur les lapsus, les oublis, les mots d’esprit et relate cette anecdote : « Une jeune femme est en couple avec son compagnon qui se prénomme Rémy. Mais quelques mois plus tard, Rémy annonce qu’il la quitte. Elle refait sa vie et a un enfant qu’elle prénomme… Jérémy. Ses amis sourient de son choix et elle prend conscience que Jérémy (« J’ai Rémy ») évoque pour tous, sauf pour elle, le Rémy qu’elle n’a plus ! » ([1], pp. 24–25). Jean-Pol Tassin met ainsi en valeur ces effets de signifiants que l’expérience clinique avait imposés à Freud, malgré son besoin de croire en l’humain raisonnable. Dans une lettre à Wilhelm Fliess du 29 décembre 1897 [2], Freud décrit le cas de M. E. Ce patient évoque ses crises de panique d’enfant de dix ans lorsqu’il essayait d’attraper un scarabée noir, un Käfer (/ˈkɛːfɐ/) en allemand. C’est M. E lui-même qui, au cours d’une séance, révèle le sens de ce scarabée noir, en déplaçant la lecture phonologique de Käfer vers le français Que faire ? (/kəfɛʁ/) qui, prononcé avec l’accent allemand, sonne à peu près de la même façon. M. E avait appris le français avant d’apprendre l’allemand. “Que faire ?” est pour lui une expression clé qui reflète à la fois son symptôme actuel – son indécision – et l’une des origines étiologiques possibles de sa détresse, à savoir déjà l’indécision de sa mère concernant son mariage. À la fin de cette lettre, Freud ajoute l’expression yiddish Meschugge ! (« c’est dément ! ») exprimant son incrédulité quant à cette interprétation surprenante que fait M. E. Or, Freud ([3], p. 63) avait la leçon de Charcot à l’esprit « la théorie c’est bon, mais ça n’empêche pas d’exister », et n’écarte pas les aspects contre-intuitifs de la réalité : ici, le fait que le scarabée noir induise de l’anxiété non seulement par son apparence noire et erratique, mais aussi par la structure phonologique de son nom, Käfer, qui fait référence au choix ambivalent anxiogène de la mère de M. E. pour le père de M. E. Entretemps, plusieurs études psycholinguistiques rejoignent, par le biais de l’expérimentation, la constatation que les objets du monde réveillent mentalement leur langage associé – communément leur nom – que le langage soit évoqué ou non dans la situation donnée ou que le sujet soit attentif ou distrait, qu’il ait l’esprit libre ou chargé [4]. Ce constat est amené par un nouveau paradigme expérimental en psycholinguistique, le dit « Visual World Paradigm » (ex. [5]) qui combine le traitement linguistique avec l’information de scènes visuelles. Par ailleurs, un cadre rationnel pour expliquer l’effectivité mentale du signifiant, émancipée de sa signification contextuelle, a été proposé [6] et partiellement mis à l’épreuve expérimentale [7].

Mais le signifiant n’est pas le seul objet des Coulisses du cerveau. Jean-Pol Tassin ([1], pp. 26–27) dessine d’abord les deux modes fondamentaux du fonctionnement cérébral, les modes analogique et cognitif. Le premier mode fonctionne donc par analogie : il est rapide, mais peut produire des erreurs. Le mode cognitif nécessite un traitement conscient des informations, il est plus fiable, mais plus lent. Les deux modes se complètent et le cerveau passe sans cesse d’un mode à l’autre pendant les périodes de veille ([1], p. 39, p. 125). On est en mode cognitif quand on est éveillé, mais on est également souvent en mode analogique ([1], p. 49). L’adulte utilise essentiellement le mode cognitif, et l’enfant le mode analogique ([1], pp. 26–27). L’architecture de base du modèle Freudien repose, elle aussi, sur une dichotomie fondatrice, les processus primaires et secondaires, qu’il présente pour la première fois dans Esquisse d’une psychologie scientifique (Freud, 1895/1956 [8]). La dynamique des processus primaires pousse l’excitation à passer le plus rapidement possible d’une connexion à l’autre afin de pouvoir la décharger. Cette excitation passe par des liens superficiels – comme des similarités de forme, de couleur, d’attributs – mais qui, de ce fait, peuvent mener à des erreurs de jugement. Les processus secondaires Freudiens ne se déploient qu’après une certaine maturation du système neuronal – du Moi, dit Freud [8] – et permet de freiner l’associativité du processus primaire en fonction de la configuration contextuelle et/ou de l’intention de l’interlocuteur. Ce traitement ralenti constitue la réflexion. Même si la plupart des dictionnaires psychanalytiques mettent en parallèle la dichotomie processus primaire/processus secondaire avec la distinction Système Inconscient/Système Préconscient-Conscient, Freud ([8], p. 354) lui-même met en garde contre cette simplification. Il est clair que les deux types de traitement fonctionnent tant inconsciemment que consciemment, même si le mode dominant inconscient est le mode primaire et que ce qui caractérise le fonctionnement conscient est la mainmise qu’a – la plupart du temps – le processus secondaire sur le processus primaire. Freud ([9], p. 513) écrit encore : « les processus primaires sont donnés dès le début, alors que les processus secondaires se forment peu à peu au cours de la vie, entravent les processus primaires, les recouvrent et n’établissent leur entière domination qu’à notre maturité » et cela a été confirmé empiriquement [10]. Il semble clair que les prémisses anatomiques de Jean-Pol Tassin et de Sigmund Freud pour la psyché concordent, avec le traitement analogique comme équivalent du processus primaire et le cognitif du secondaire. Même si l’auteur ne fait pas lui-même la connexion, l’équivalence est frappante, et il est d’autant plus saisissant que Freud ([8], p. 343) dans l’Esquisse dit précisément à propos du processus primaire : « il ne peut travailler qu’en s’appuyant sur une série d’états analogues entre ses neurones » (Italiques ajoutées ; voir aussi [11]).

Ce qui est exceptionnel chez Jean-Pol Tassin est qu’il étend le mode analogique au traitement du langage – comme le faisait aussi allègrement Freud dans toute son œuvre, de l’Interprétation des rêves à Psychopathologie de la vie quotidienne et bien sûr dans ces (grands) cas cliniques [9][12][13]. Il faut noter que ce n’est explicitement pas le cas pour les modèles neuropsychanalytiques de Mark Solms et de Jaak Panksepp [14], pour lesquels le processus primaire ne peut être que de l’ordre de l’émotionnel. Or, Tassin, propose par exemple : « L’enchaînement des mots est analogique. Je pense à ce que je dis, mais je ne pense pas aux mots que j’utilise : les phrases que nous prononçons sont en grande partie énoncées en mode analogique, de façon non consciente. » ([1], p. 49). Cet enchaînement est aussi de l’ordre de la métonymie qui, selon Lacan [15], est un des principes de fonctionnement du processus primaire. Tassin continue : « l’adulte rit quand on réveille sa mémoire analogique, c’est-à-dire tout ce qu’il a enregistré sans y penser. Cela le déroute et le fait sourire, car ce n’est pas son mode usuel de fonctionnement. » ([1], pp. 26–27). Cette phrase résonne singulièrement avec la citation suivante de Freud ([9], p. 507) : « Les idées qui transfèrent leurs intensités à d’autres idées (…) sont connectées par des associations d’un type qui est (…) relégué aux blagues. En particulier, nous trouvons des associations basées sur des homonymes et des similarités verbales qui sont traitées de valeur égale au reste. ». Que se passe-t-il quand deux poissons s’énervent ? Le thon monte. Voilà le type de blagues auquel Tassin et Freud font allusion. « C’est le contraire pour l’enfant. (…) Tout est d’abord traité selon un mode analogique pur, mais, petit à petit, l’enfant analyse les informations qu’il reçoit et commence à développer son mode cognitif. L’enfant âgé de cinq ou six ans (…) quand il associe certaines idées en mode analogique, cela fait rire l’adulte. ». En effet, comme ce père qui dit à sa fille de 4 ans : « Tu exagères ! » à quoi elle répond promptement : « Non ! Je suis pas xagère ! » ou comme Eric Fottorino ([16], pp. 24–25) qui témoigne de ce qu’il s’entend, enfant, être qualifié, de « débrouillard », chose qui résonnera en lui sous l’entendement d’un « enfant des brouillards ».

Pour l’auteur, l’inconscient serait « un vaste champ parsemé de bassins attracteurs » ([1], p. 46). En effet, les souvenirs creusent des bassins attracteurs qui attirent les informations qui s’y rapportent et les y agrègent. Ce qui est crucial est que ce squelette mental est d’abord de structure analogique : « La ‘fabrication’ du bassin attracteur correspond à la phase où le souvenir est stocké en analogique, ou encore dans l’inconscient. » ([1], p. 45) : « le traitement analogique représente l’essentiel du fonctionnement du cerveau » ([1], p. 61). Selon Jean-Pol Tassin, toute expérience passe d’abord en analogique, est potentiellement transformée en cognitif, et enfin retourne en analogique pour être mémorisée ([1], p. 59) ; ces allers-retours, s’accompagnent de pertes qui sont considérées comme des oublis : « En fait, ces ‘pertes’ correspondent à la nécessité de symboliser ce qui a été perçu » ([1], pp. 59–60). Jacques Lacan n’aurait pas mieux dit. Plus un fossé est profond, plus le souvenir auquel il est associé est ancré dans la mémoire.

Dans l’ouvrage de Jean-Pol Tassin, les neuromodulateurs – le couple noradrénaline-sérotonine aux commandes et la dopamine en esclave – sont des personnages à part entière. La noradrénaline, réactive et rapide, est libérée à tout événement nouveau et entraîne une augmentation du rapport signal sur bruit en diminuant le bruit alors que la sérotonine, moins réactive et plus lente, diminue plus le signal que le bruit de fond, de façon à « relativiser » les événements saillants. Le couple sérotonine-noradrénaline est lié de façon à se réguler mutuellement et interprète de façon coordonnée l’évènement en termes de nouveauté et de saillance. Il transmet ensuite des instructions aux neurones dopaminergiques, qui sont en quelque sorte chargés de les suivre. La dopamine hiérarchise et organise le comportement et projette vers les voies d’exécution motrice : celles-ci ne communiquent plus par de la dopamine mais par des neurones effecteurs (bien plus nombreux et myélinisés, avec du GABA ou du glutamate comme neurotransmetteurs). Cependant, il ne s’agirait pas de sous-estimer le rôle de la dopamine puisque les « neurones dopaminergiques réagissent à des stimuli qui ont acquis un sens au cours de la vie » ([1], pp. 109–110). Le système dopaminergique est le système historicisant, puisque ce sont ces neurones-là qui sont susceptibles de sensibilisation incitative, des changements moléculaires qui augmentent l’effectivité synaptique et font, de ce fait, trace dans le cerveau [17].

Les activités de la noradrénaline et de la sérotonine s’arrêtent totalement pendant le sommeil paradoxal, alors que l’activité de la dopamine, même si elle diminue, ne cesse pas et donc dans le rêve « les informations ne sont traitées qu’en analogique » ([1], p. 138). « L’inconscient dynamique est seul à l’œuvre » ([1], p. 138), renchérit Jean-Pol Tassin, faisant ainsi écho à Freud [9], quand il qualifie le rêve de « voie royale » pour l’inconscient, où règnent en maîtres les processus primaires. Une grande partie de cette activité – surtout du GABA et du glutamate et en partie la dopamine – a pour conséquence « une stabilisation des bassins qui se sont formés durant l’éveil. » ([1], p. 140), et donc une stabilisation de l’inconscient. L’inconscient est alors « la résultante à la fois de bassins profonds, analogiques et précoces, et d’autres, formés plus tard, moins profonds et contenant beaucoup d’éléments ayant été au moins temporairement analysés en cognitif. » ([1], p. 135).

Jean-Pol Tassin nous promène, en apparence gentiment, en partant de petites anecdotes entendues ou vécues, pour nous amener progressivement vers des concepts qui, sans crier gare, aboutissent à dessiner une véritable proposition neuropsychanalytique de l’architecture mentale, que Sigmund Freud aurait applaudie et que Jacques Lacan aurait estimée. Il est clair que le livre n’est pas un catalogue de concordances locales entre neurosciences et psychanalyse, mais une véritable proposition. Aucun concept psychanalytique ne correspond à un simple élément neurophysiologique, mais l’architecture freudo-lacanienne de l’appareil mental dessinée par le couple processus primaires – précoces, superficiels, rapides, souvent irrationnels, tenaces et dominants, constitutifs d’une configuration inconsciente – et processus secondaires – plus tardifs, réfléchis, lents, souvent plus rationnels, plus fugaces, moins fréquents et souvent conscients – s’avère un modèle d’une correspondance surprenante avec l’architecture neuronale proposée par Jean-Pol Tassin. Ainsi, l’exercice neuropsychanalytique ne se fait pas en « remontant » des composantes neuroscientifiques vers la psychanalyse, mais bien en prenant la mesure de ce que la psychanalyse permet d’interpréter des neurosciences. Quand Freud propose, dans un deuxième temps, de « mettre en marche » cette architecture mentale dans l’Esquisse, la première chose qu’il énonce c’est l’évènement (de satisfaction). De façon percutante, le second temps de Jean-Pol Tassin est aussi la description de l’entrejeu du couple sérotonine–adrénaline ponctuant le caractère événementiel de ce qui nous arrive. Dans la mesure où le signal se dégage du bruit, ce qui fait alors événement s’inscrit historiquement, et d’abord sur le mode analogique, avec l’intervention dopaminergique. Cette façon d’aborder la psyché, orientée par l’événement, non sur base d’une valence mais sur base d’un élément de rapport quantitatif, est une proposition novatrice qui donne un certain contrepoids au modèle dominant en psychologie. En effet, il s’agit d’une alternative au modèle courant qui s’appuie sur les valences positives et négatives des expériences pour penser le comportement humain, en confondant, de façon téléologique, les points de départ – l’architecture et ses contraintes physiologiques – et d’arrivée – le comportement humain avec son appétit de la valence – de la constitution mentale.

Cette proposition de Jean-Pol Tassin est à prendre au sérieux et à creuser plus en avant, en associant ce que les deux paradigmes ont à offrir de meilleur, un savoir contre-intuitif sur l’intimité paradoxale de l’humain du côté de la psychanalyse, et une connaissance précise des contraintes d’instanciation physiologiques du côté des neurosciences. Non pour « prouver la psychanalyse » mais animé du désir de faire science et de rechercher la vérité.

Déclaration de liens d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Remerciements

Mes remerciements vont à l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) pour nous avoir donné les moyens, dans le cadre du Réseau Francophone Psychanalyse et Neurosciences (RFPN), d’inviter M. Tassin pour un débat à Nancy le 10 juin 2022.

Références

2 thoughts on “Psychoanalysis and Neurosciences

  1. I am a bachelor student in Psychology in Universiteit Leiden, Nederland.

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