Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse” de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 59-61.

Bazan Ariane

Ariane Bazan est une biologiste et psychanalyste. En 1997, elle obtient un doctorat en biologie à l’Université de Gand et, en 2009, un doctorat en psychologie clinique et psychopathologie à l’Université de Lyon. Depuis 2007, elle est professeure de psychologie clinique à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique. Elle a fait un postdoctorat à l’Université du Michigan au laboratoire de Howard Shevrin et elle a suivi une formation de psychothérapie psychanalytique à la Gezelschap voor Psychoanalyse en Psychotherapie (GPP) (l’« Asssociation pour Psychanalyse et Psychothérapie ») de Gand en Belgique.
Elle a entamé également une collaboration étroite avec Shevrin et son laboratoire en raison de ses recherches sur le traitement inconscient de la langue en liaison avec les processus cérébraux (Bazan, 2007 ; 2011).

Les recherches d’Ariane Bazan se situent au sein d’une réflexion neuropsychanalytique qui interroge tant la psychanalyse que les neurosciences sur des aspects du fonctionnement psychique. Ses recherches s’inscrivent également dans la perspective du psychanalyste belge Jean-Pierre Lebrun (1993). Ariane Bazan fait valoir combien un dialogue entre la psychanalyse et les neurosciences, qui semblent à priori sans commune mesure mais qui nous donnent pourtant des renseignements sur le même appareil mental, est nécessaire pour appréhender certaines notions du fonctionnement psychique qui exigent un espace de compréhension multiple. Cette autrice nous donne quelques indications pour qu’il puisse y avoir un véritable dialogue entre les neurosciences et la psychanalyse, notamment la reconnaissance de chaque partie des limites qui leur sont structurellement propres et de l’impossibilité d’une mise en rapport direct et linéaire des deux champs étant chacun hétérogène.

Dans son ouvrage Des fantômes dans la voix (2007), Ariane Bazan se propose d’apporter un ancrage scientifique à des concepts freudiens et lacaniens avec des phénomènes mesurables et reproductibles réalisant ainsi une intersection entre la psychanalyse et les neurosciences. Plus précisément, elle réalise un croisement entre les travaux des neurosciences et ceux de Freud et Lacan à travers le langage qui présente un double aspect. Pour la psychanalyse, ce double aspect correspond au processus primaire et secondaire, pour les neurosciences, aux voie ventrale et voie dorsale. Le second terme de chacune de ces polarités opère une inhibition sur le premier, mais les neurosciences comme la psychanalyse montrent que le premier arrive à s’exprimer par des voies détournées. Le rôle des fantômes phonémiques occupe cette fonction de voie détournée. Les fantômes seraient une manifestation de l’inconscient qui échappe à l’inhibition dont ils sont habituellement l’objet, au niveau du langage lorsque nous émettons des sons et des mots. Ces fantômes continuent à se manifester dans nos voix parce qu’il y a une persistance de séquences phonologiques que nous reproduisons avec les mêmes mouvement et articulation, mais qui demeurent étrangères à notre discours parce que leurs significations ont changé radicalement. Le signifiant, constitué d’une séquence phonologique, devient un concept princeps de cette étude et le point d’intersection entre la psychanalyse, puisqu’il est au cœur de l’énonciation d’un sujet, et les neurosciences, puisqu’il a une matérialité donnée par la motricité articulatoire ou linguistique. Le signifiant n’est pas seulement porteur d’une signification ou de sens, car il s’imbrique avec d’autres signifiants qui véhiculent d’autres sens où peuvent surgir des éléments de l’inconscient. Le signifiant nécessite également une mobilisation du corps (vocalisation, mâchoires, etc.) qui participe à ses production et perception. L’ouvrage présente quelques-unes des logiques psychiques, physiologiques et épistémologiques de l’impact du signifiant sur l’humain.

________________
Bibliographie :
Bazan A. (2007), Des fantômes dans la voix. Une hypothèse neuropsychanalytique sur la structure de l’inconscient, Montréal, Éditions Liber, Collection Voix Psychanalytiques, 2007.
Bazan A. (2011). Phantoms in the voice: a neuropsychoanalytic hypothesis on the structure of the unconscious. Neuropsychoanalysis 13, 161–176.
Laufer L., Penser, rêver, créer, L’Harmattan, 2005.
Lebrun J.-P. (1993), De la maladie médicale, De Boeck-Wesemael.

Compléments :
Affect, Clivage de la conscience, Désambiguïsation, Fantôme, Faux nouages, Frontiers in Psychoanalysis and Neuropsychoanalysis , Indice de réalité, Lacan Jacques, Représentation de mot, Shevrin Howard, Signifiant, Trace mnésique
________________________
https://www.amazon.fr/Dictionnaire-neuropsychanalyse-Serafino-Malaguarnera/dp/1539173747/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1476702333&sr=1-1&keywords=malaguarnera+serafino

Leave a Reply

Your email address will not be published.